Rencontre entre solitaire [Nuit]

Je sautais avec élégance par dessus un arbre mort. Il faisait très chaud pour un mois de la saison des feuilles qui tombent. Je transpirait sous ma fourrure qui recommençait à devenir épaisse à cause du changement de saison, très utile l'hiver mais beaucoup moins l'été. Je préférait rester à l'ombre des arbres, réelle protection contre les rayons du soleil, mais, sans m'aventurer au delà de la forêt, je risquait d'être chassé par les membres des clans à force d'empiéter sur leur territoire. De plus, la forêt, bien que l'on pu grimper aux arbres n'offraient pas assez de jeux pour dépenser mon corps musculeux. Je préférais le champ de blé où il regorgeait de proies. Ce n'était pas pour chasser que je m'intéressait aux proies mais plutôt pour leur courir après. En mon fort-intérieur, je savais que j'aurais tellement aimé avoir un frère ou une sœur avec qui jouer et me blottir quand j'aurais peur ou froid. Mais c'était impossible. Alors, je m'amusais comme je le pouvais, essayant à tout prix de voir le bon coté des choses. Je m'élançais à travers le champs, les yeux fermés, mes poils noirs s'agitant au vent. Je sentait la bise légère refroidir mon corps. Puis je m'arrêtait, j'avais beaucoup couru et j'étais à présent essoufflé. Je m'allongeais sur le sol, la langue pendant, mon flanc se soulevant à intervalles régulières. Si les loups avaient une grande endurance, j'étais encore jeune même si cela ne se voyais pas et je m'épuisais assez vite. Je n'avais pas beaucoup besoin de me reposer si bien que je me relevais très vite et repartais, cette fois pour chasser. Les proies ne manquaient pas bien que j'eusse fait peur à certaines d'entre elles. Je m'arrêtais, aux aguets. Seul mon souffle aurait pu me trahir. Soudain, je tournais la tête, un campagnol grignotait une graine entre les épis de blés. Je me tapis au sol comme me l'avait enseigné ma mère et avançais lentement. Puis, quand je sentit que j'étais assez près de ma proie pour lui bondir dessus, je m'élançais sur le campagnol qui n'eut même pas le temps de se demander ce qui lui était arrivé qu'il était mort. Je dévorais ma prise sans me soucier de l'élégance et quand je relevait enfin la tête, j'avais le museau rouge de sang. Je le léchais soigneusement afin de garder le goût délicieux du sang frai. Repu, je m'allongeais et fit la sieste.
Quand je fut réveillé, je fit ma toilette, enlevant les épis de blés collés à ma fourrure. Puis, fin prêt, je partit en quête d'un papillon à attraper. Quand un animal me heurta. C'était un guépard, pas plus vieux que moi. Il n'y avait aucune trace de clan sur son pelage se qui me fit penser qu'il était un solitaire, comme moi. L'animal avait une cicatrice sur la flanc, un pelage fauve tacheté comme n'importe quel guépard et des yeux noisettes cernées de cercles noirs fins. Il semblait comptent de le voir mais méfiant tout de même. Je pensais ne jamais avoir d'amis mais celui-ci était solitaire et du même age que lui. Je voulais faire connaissance avec ce félin. Il m'intriguait et, plus que tout, j'avais besoin de quelqu'un avec qui m'amuser. Alors, je chassais cet air froid qui m'animait chaque fois que je rencontrais un animal -à par les proies, bien sur- et répondais à la question -à savoir : « Qui es-tu ? »- du solitaire :

-Je suis Nuit, un solitaire. J'aurais 11 lunes à la saison des feuilles vertes. Et toi ?

- Excuse-moi, je ne voulais pas te blesser, qu'y a-t-il ? Dis moi !

Je lui lançais un regard chargé de haine et de colère. Après cela, je sentis la peur d'Ascoye. De quoi avait-il donc peur ? De mon regard peut être... Puis il y eut un blanc, seul le vent s'agitait, je regardais le solitaire et il me regardait, espérant une réponse de tout cœur. Mais si je le lui disais, il saurait que j'ai besoin d'une mère et de frères et sœurs, que je suis faible. Un grondement sourd s'échappa de ma gorge. Je pourrais lui faire mal, le tuer, - il était épuisé car il avait courut vite pour me rejoindre et les guépards manquent d'endurance et s'essoufflent facilement, donc il aurait les mouvements trop lents pour esquiver mes attaques - mais je n'en avais qu'a moitié envie. Il avait été gentil avec moi et je l'avais compté parmi mes amis juste un instant.

- Vas t'en, répétais-je

Il m'exaspérait et cela augmentait ma rage. Je voyais bien qu'Ascoye avait peur de moi, même si il faisait tout pour le cacher. Je le regardais de mes yeux de braise animés d'une lueur farouche. Il restait immobile, hésitant. Mon pelage noir s'était hérissé mes griffes luisaient et des grgnements sortaient de ma gorge. Mais le solitaire s'efforçait de rester immobile. Je l'admirais, il était courageux.

[c'est court, désolée]

-Pourquoi ? Car je veux savoir que est ce qui t'a fait changer soudainement ? Je trouve que c'est normal de se poser cette question, vu la façon dont tu es parti !

Je cessai de gronder. Mon pelage noir reprit sa forme initiale et je poussai un hurlement à glacer le sang. Le museau en arrière, criant mon désespoir avec mélancolie. Ascoye tremblait de tout son corps. Mais je n'avais pas envie de l'attaquer : il avait été mon seul ami ne serais ce qu'une journée et de ce fait, il ne risquait rien de moi. A la fin, je me sentis mieux, j'avais évacué ma peine dans ce seul hurlement. Puis je regardais les alentours. Le soleil avait disparut derrière l'horizon et la nuit se faisait entendre. La nuit, le moment où je me sentait le mieux, où personne ne pouvait me remarquer grâce à ma fourrure sombre . Je m'assis et regardais le solitaire. Lui aussi me regardait. Nous restâmes un instant comme cela. Les yeux dans les yeux. J'appréciais le calme mélancolique et glacial de la nuit. Lui par contre ne devait pas vraiment aimer. Son pelage n'allait pas avec la nuit. Et il devait être fatigué. Mais je n'en savais rien et je m'en fichais. Je songeais à répondre à sa question mais mon pelage hérissait de nouveau et un grognement s'échappa de ma gorge, d'abord tout doucement puis de plus en pus fort, je renonçai. Et tout s'arrêtait, se taisait. Puis je pris la parole :

-Je n'ai pas envie d'en parler. Tu ne l'as donc pas comprit ?

Il ne disait rien, se contentais de me regarder mais il n'abandonnait pas. Je savais qu'il voulait m'aider. Je fouettais l'air de ma queue, agacé. Ce n'était pas comme ça qu'il allait y arriver.

Je m'assit, fixant le solitaire d'un regard de braises même si celui-ci ne pouvait pas le voir, l'obscurité s'était installée et le feuillage vert des arbres empêchait les rayons de la lune d'illuminer les sous-bois. Un bruit retentit derrière moi. Je me retournais et vis une chouette qui s'envolait du haut de son perchoir vers le ciel couleur d'encre. Une ombre parmi tant d'autres. Ascoye tremblait désormais de rage devant l'injustice que je lui avais conté. Je me relevais quand il prit la parole habité d'une colère à peine contenue :

-Je suppose que tu dois détester ton clan d'origine maintenant. Moi aussi je faisait parti d'un clan. Mais entre une solitaire et un guépard du clan du crépuscule, s'aimer est impossible pour les autres animaux du clan.

Ainsi donc, le solitaire avait lui aussi fait partit d'un des clans. Sa tristesse était presque palpable et je retenais sa peine au cas où j'aurais à le blesser avec des mots. Savoir se défendre était toujours utile. Lui n'en faisais pas tant, je le savais car, au lieu de noter le moindre sentiment, il me dit gentiment :

-Je comprends pourquoi tu n'avais pas envie d'en parler, je suis désolé.

Je restais silencieux. Tel un fantôme. Je m'apprêtais à partir, le laissant là quand j'eus une autre idée. Il y avait un pan de champignons juste à coté de moi. Je me roulais dedans sans faire de bruit. Ascoye, ne sentant plus ni ma présence ni mon odeur m'appela, inquiet. Je ne répondais pas. Lentement je le contournais. Doucement, en faisant attention à ne pas révéler ma présence. Le solitaire fixait toujours l'endroit d'où s'était échappée ma voix pour la dernière fois. Tant mieux. Je me tapis dans une touffe d'herbes derrière lui. Il ne me voyais pas, ne me sentais pas, ne me touchais pas et ne m'entendais pas. Il m'appelais toujours mais d'une voix plus hésitante, moins sure d'elle et, quand il se tut enfin, je lui bondit sur le dos. Le solitaire cria de surprise ce qui contrastais étrangement avec le hurlement victorieux et joyeux que je poussais. Je le maintenais au sol. Et je dis avec fierté :

-Gagné !

Il grogna de fureur et me sauta dessus à son tour. Nous roulâmes ainsi jusqu'au bas de la pente où je l'avais amené. J'avais toujours le dessus. Et quand je fus sur qu'il ne pouvais plus me reverser je répétas :

-Et regagné !

[désolée du retard =/ manque de temps...]

Ascoye se dégagea et me fixa l'endroit des yeux. Je cru lire le doute dans ses yeux. Il n'avait pas comprit la plaisanterie ce qui était compréhensible, vu mon aptitude. Il me lança un regard amusé:

-Qu'est-ce qui t'a pris ?

Je me vexai aussitôt. Son aptitude faisait comprendre qu'il m'avait laissé gagner et qu'il ne voulait pas jouer - ou qu'il avait un sens du jeu remarquablement nul, mais ça revenait au même-. J'agitais la queue et les moustaches avec agacement. Un ami qui ne savait pas jouer n'était pas un ami, juste une connaissance. Je m'éloignais la queue basse puis faisais demis-tour. Je n'avais pas envie d'être seul de nouveau. Je m'assit, guettant le moindre signe chez le solitaire. Pfff, il ne savait même pas jouer ! Quel intérêt ? Lui ne semblait pas avoir sentit mon dédain, ma soudaine envie de partir. Il ne disait rien, se contentant de regarder dans ma direction. Au bout d'un instant, je me résignais à prendre la parole et à lui expliquer comme si il avait même pas une lune :

-C'était un jeu, tu étais censé te débattre mais apparemment tu n'as pas compris... Ou alors tu n'aimes pas jouer ?

Cette dernière phrase avait sonné comme une phrase interrogative. Je soupirais. Attendant sa réponse. Me couchais sur le flanc sur la mousse qui recouvrait le sol d'un doux tapis verdâtre.